Cité Neutre de Korrin

Julian ne savait pas où il allait. Il arpentait les rues de la cité, trempé par les trombes de pluie qui tombaient. Parfois, il s'arrêtait pour remettre sa capuche rouge qui s'enlevait avec le vent. La cité était bien calme, il faut dire qu'il y a peu de personnes qui sortent un jour de tempête - à 6 heures du matin qui plus est. Mais le jeune adolescent n'était pas de ceux qui suivaient la norme. Il n'avait jamais rêvé de chevalerie, de paix ou de romance à l'eau de rose avec une princesse. Pourquoi se trouvait-il en zone neutre ? Il ne le savait pas lui même. Il se trouve qu'il ne faisait que suivre des chemins au hasard, et que ces chemins l'avaient conduits là. Son regard souvent dans le vide et ses paroles parfois incensées ne sont que l'oeuvre d'une longue solitude, il n'avait pas toujours été ainsi. Il fût une époque où il riait et pleurait comme un être humain normal. Mais comme chacun sait, il suffit de perdre ce qui nous est le plus cher pour perdre toute sa tête.
Le jeune assassin se réfugia finalement dans une auberge appelée " Au cheval qui ne dors pas que d'un oeuil." "Quel nom merdique" se dit-il . Il s'approcha du comptoir et fixa l'aubergiste - elle était jeune et plutôt jolie - qui fixa le garçon à son tour. Celui-ci réserva une chambre et posa de l'argent sur le bureau. Puis il prit la direction de l'escalier, qu'il monta si lentement et désinvoltement qu'on aurait dit un fantôme. L'auberge était calme, il était trop tôt pour que la taverne soit ouverte et tout le monde restait cloîtré dans les chambres à cause de la pluie. Julian arriva devant la porte 6, il l'ouvrit et entra. C'était une petite chambre, un lit et une salle avec de l'eau et un éspèce de bassin. Le garçon posa sa sacoche à côté du lit et s'affala dessus sans se poser de question.
Il ne trouva pas le sommeil et décida de visiter l'auberge, il y avait trois étages et 23 chambres au total. L'assassin s'assit quelque temps dans le couloir pour réfléchir, il finit par s'endormir appuyé contre le mur, juste à côté de la chambre 4.

La porte de l’auberge du « Cheval qui ne dort pas que d’un œil » s’ouvrit brusquement pour laisser entrer un jeune garçon trempé, à l’air passablement agacé.

Kyo secoua ses vêtements sur le pas de la porte, sans aucune pensée pour celui qui nettoierait derrière lui, et posa sa petite valise à coté de lui.

« - La porte s’il vous plait… »

Le jeune garçon releva la tête. L’aubergiste qui venait de lui adresser la parole était jeune et plutôt mignonne. Kyo changea radicalement de comportement. Il s’excusa poliment et lui adressa un grand sourire. Il avait le don de rendre son hypocrisie indécelable, c’est un fait. Il referma la porte et demanda une chambre. Ce fut la numéro 4. Si le garçon se serait intéressé aux choses telles que « son numéro préféré », le 4 l’aurait sûrement été.
Il adressa un dernier sourire à l’égard de l’aubergiste, puis monta les escaliers jusqu’à sa chambre.
Un jeune garçon s’était assoupi près du numéro 4. Kyo soupira, abattu, puis respira lentement avant de reprendre son visage souriant et paisible. Il ouvrit la porte, puis la poussa brutalement, en prenant bien soin de faire le plus de bruit possible. La porte émit un grincement bref mais affreux et cogna contre le mur dans un bruit épouvantable…

Comme une silhouette s'avançant dans l'obscurité de la nuit, cherchant un abri pour éviter les fortes bourrasques qui soufflaient dans la ville neutre de Korrin. Je m'avançai d'un pas prudent pour ne pas marcher dans les flaques d'eau. Je vis une auberge et m'élançai dans sa direction. Il faisait beaucoup trop noir pour voir l'enseigne, mais à quoi cela servirait-il de savoir que l'auberge s'appelait "Au cheval qui ne dort pas que d'un oeuil" ou un autre nom minable de ce genre. Je poussai la porte, glissai sur une flaque d'eau dans l'auberge et tombai nez à nez avec l'aubergiste qui était en train de nettoyer. Elle était fort mignonne, c'est vrai. Elle dit des excuses et me demanda ce que je voulais. Je bafouai une chambre, elle me remit la chambre n°5. Je montai les escaliers quand je trébuchai sur un pied et m'étalai de tout mon long par terre.

"c'est vraiment pas mon jour" me dis-je en me relevant

Je regardais quand mes yeux se posèrent sur une forme, assoupi juste à côté de la chambre n°4. Je marchai un petit peu pour trouver ma chambre, entrer, et refermer la chambre en faisant le moins de bruit possible. Je m'affalai sur mon lit. Et remis les questions que je me posai à demain.

Julian poussa un hurlement inhumain. Il se leva d'un coup et regarda tout autour de lui. Il semblerait qu'il s'était assoupi juste à côté de la chambre d'une personne pas très agréable. Il voulut frapper à la porte, mais une voix dans sa tête ne cessait de lui répéter qu'il ne devait avoir aucun contact humain. Il s'avança donc jusqu'à sa chambre, la n°6. Il ouvrit la porte, retira ses vêtements et souleva la couverture pour s'installer dessous. Il posa sa main pour trouver son oreiller dans le noir, et tout ce qu'il toucha fût le corps d'un fille.

" AAAAH MON DIEU !!! "

Le garçon fit un bond d'un mètre, si bien qu'il se retrouva les fesses par terre. Il tremblait comme un condamné à mort sur l'échafaud. Il regretta de ne pas avoir frappé à la porte n°4.

" Tu... Tu fous quoi là ? "

On ne peut pas dire que le langage de cet assassin était très évolué, mais si jamais il vous venait à l'idée de visiter sa contrée natale, vous verriez qu'il faisait des efforts, beaucoup d'efforts.

A peine endormie, Maria sentit une main sur son bras et se réveilla. Elle se leva d'un coup sec et brutal. En voyant dans l'ombre une silhouette affalée par terre, elle bondit sur sa veste posée sur le sol et se tint prête à dégainer sa dague, une dague bien peu imposante, mais cela valait mieux que de prendre son arc et tirer à l'aveuglette...
Elle était surprise mais à côté de la jeune silhouette, ce n'était rien, il fallait dire qu'elle avait fini par prendre l'habitude d'être surprise dans les auberges... Elle ne chercha pas bien longtemps ses mots...

" TOI, qu'est ce que tu fais ici? J'ai... j'ai loué cette chambre pour la nuit à l'aubergiste... S...sortez de ma chambre ou sinon je devrais prévenir ce vielle homme qu'est l'aubergiste! "

Cette 'tactique' n'avait généralement fait fuir que un ou deux paumés... De plus, sa petite voie enfantine ne faisait pas très peur.

Il y eut un grand silence. Julian réfléchissait. Ses nombreux problèmes psychologiques le faisaient douter sur l'affirmation de la jeune fille. Il semblait perdu, comme un enfant à qui on aurait enlevé la mère. Il tournait la tête dans tous les sens, il observait la pièce. Il semblait chercher une issue. Il eut l'impression que quelqu'un frappait dans sa tête, puis il fixa la porte. Ses yeux s'ouvrirent en grand, un sourire s'afficha sur son visage.

" On nous écoute. "

Il porta ses doigts à sa bouche, il regarda la fille puis la porte, plusieurs fois. La fille, la porte, la fille, la porte...

" On nous écoute toujours. "

Julian s'approcha de la porte. Il posa la main sur la poignée. Puis la retira. Il regarda la jeune fille qui portait une dague à la main.

" Tu comptes me buter ? Y'a quelqu'un qui nous écoute. Va falloir remettre ça à plus tard. Et puis t'es pas un peu jeune pour tuer les gens ? Tu veux finir comme moi ? "

Il fixait l'arme, son regard restait posé sur elle, il était figé. Il semblait s'amuser à voir son sourire enfantin. Il s'approcha lentement de la fille.

" Ça brille. T'as vu, c'est beau hein ? Tu veux voir du sang dessus ? Ton sang ? Ou celui de la personne qu'est plantée derrière la porte ? Dis-moi ton nom plutôt. Oui, ton nom. Pas que ça m'intéresse vraiment mais y'a la voix dans ma tête qui m'le demande. Si j'lui dit pas elle va s'énerver tu vois. Tu comprends n'est-ce pas ?"

Julian aggripa soudainement le bras de la voleuse.

Kyo avait regardé par le trou de la serrure de sa propre chambre pour voir le jeune homme sursauter et partir en vitesse. Plutôt satisfait, il jeta negligemment sa malette par terre, et s'allongea sur le lit. À peine deux minutes plus tard, un cri effroyable le sortit de ses pensées. Cette voix, il en était sur, était celle du jeune garçon qu'il avait réveillé un peu plus tôt.

* Je hais ce genre de braillard * pensa le garçon.

Agacé, il sortit de sa chambre pour aller dire deux mots au jeune homme. La soirée n'était pas finie, et s'il pouvait vexer à mort quelqu'un avant de se coucher, il ne s'en porterait que mieux. Les mains dans les poches, un air de dédain ancré sur son visage, il marcha jusqu'à la chambre voisine. A sa grande surprise, un homme écoutait à la porte.
Il changea d'attitude, prit une voix douce et adopta un comportement plein de candeur :

"- Excusez moi, vous voulez parler à mon frère ? Je peux vous aider si vous voulez"

Arkaïn déambulait dans les rues, se remémorant les évènements passés. Sa mère était morte, il n'avait pas un sous en poche, n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire, il était perdu, il lui semblait que chaque goutte de la fine bruine qui tombait voulaient le transpercer de part en part. Il aperçut une taverne. Il n'avait pas un sous en poche, mais l'aubergiste était surement une personne charitable. Sa mère était morte... Ses yeux se remplirent de larmes et c'était les yeux mouillés et le nez coulant qu'il entra.

"Ex...Excusez moi ? Il y a quelqu'un ?
- Bonjour, vous souhaitez une chambre pour le reste de la nuit ? Lui demanda une charmante fille. Vu que la nuit est bien avancée, je peux vous faire un prix.
- Eh bien... je crois que même si vous me faites un prix je n'aurais pas de quoi vous payer..." répondit-il essuyant une dernière larme sur le coin de son œil.
La serveuse réfléchit un instant, puis l'ayant détaillé de la tête au pied, dit :
" Bon, je pense que je ne vais plus avoir de client pour cette nuit, vous avez de la chance, il me reste la chambre 10. Allez y sans faire de bruits.
- Oh ! Merci, merci beaucoup madame ! merci !"

Arkaïn monta l'escalier et, à sa grande surprise, alors qu'il pensait que tout le monde dormait, vit deux personnes sur le pas d'une des chambres. Interloqué, il resta en arrêt devant ces deux hommes, l'un avec une dague et un bout de glace et l'autre qui parlait d'une voix candide :

"- Excusez moi, vous voulez parler à mon frère ? Je peux vous aider si vous voulez"

Maria se laissa agripper par l'inconnu. Son grand sourire montrait que cette dernière n'avait pas peur, au contraire, elle semblait heureuse...heureuse qu'on lui demande son nom comme si ce jeune homme s'intéressait à elle... L'homme n'étant plus qu'à quelques centimètres de Maria, elle put voir l'inconnu de plus près et distingué ses traits. Un homme de 17 ans, châtain, le nez fin, plutôt bel homme...

" Je m'appelle..."

Une voie se fit entendre ;
"- Excusez moi, vous voulez parler à mon frère ? Je peux vous aider si vous voulez"

" Cette voie... à qui s'adresse-t-elle? "

Cette phrase dite dans le vide comme si la jeune fille réfléchissait à haute voie. Elle regarda l'homme agrippé à son bras dans les yeux et lui dit à voie basse :

" Vous! Allez donc voir ce qu'il se passe dans le couloir au lieu de me faire la leçon de morale."
Elle ajouta aussi ;

" je ne vous connais pas mais... s'il vous plait, ne me dénoncez pas à l'aubergiste, j'ai déjà été virée de deux auberges aujourd'hui et je n'ai pas envie de dormir dans la boue sous cette pluie orageuse... "

Cette réaction ne ressemblait pas au caractère de la jeune fille... Mais c'est tout ce qu'elle trouva à dire.

Pendant qu'il écoutait à la porte, un homme s'avança vers lui et lui demanda:
"Excusez-moi, vous voulez parlez à mon frère ? Je peux vous aider si vous voulez"

Il se retourna brusqement et dit d'une voie rassurante, mais étonné de parler à quelqu'un à cette heure de la nuit.

"Hum, voyez-vous, j'ai fait tomber mes lunettes, et j'était entrain de les cherchers, désolé si cela à déranger votre frère, mais vu que vous êtes là, ne voudriez-vous pas m'aider ?" dit-il, sans quitter l'homme du regard.

*Voyez-vous ça*

Sans changer d'attitude, il déclara d'un ton clair :

"-J'allais lui demander quelque chose, nous ne partageons pas la même chambre. Sonnez à la porte, nous aurons plus de chance si on cherche à trois. Je vais commencer à chercher de mon côté pendant ce temps là..."

Il se baissa et fit semblant de chercher activement dans la moquette (MDR la phrase qui tue), mais regarda au dessus de son épaule pour observer la scène.